Paroles et rencontres en France

27 Janvier 2015

Rencontres avec les autres et avec soi-même .....

Télécharger /ob_f8b1cc_paroles-et-rencontres-en-france

-thème du recueil - année 2006 -

Préface du recueil

Regardez de près ces petits textes, ces petites scènes vivantes.

Vous verrez qu'il revient très souvent, presque chaque fois, le thème de la solitude, mais celui, surtout de la rencontre.

Rencontre avec un peintre, une famille, une personne âgée, le Président de la République, un gendre, une caissière ...... "Je ne connaissais personne", puis "j'ai rencontré......".

Rencontre avec l'autre, le différent ou le compatriote, mais aussi rencontre avec l'écriture, avec ce nouveau langage des signes qui permet de se repérer dans un monde tellement écrit, de "s'y reconnaître", de "se reconnaître" soi-même, avec d'autres.

C'est là faire oeuvre de communauté sans communautarisme, que de permettre ainsi le partage des signes de reconnaissance. C'est là un travail de respect que d'ouvrir aussi la porte à l'apprentissage mutuel des cultures, celles du pays, où l'on vient vivre pour ceux qui ont écrit, celles des pays d'où ils viennent pour ceux qui vont lire.

Quelle volonté de relation de la part de ceux qui transmettent ainsi leurs cultures en empruntant les véhicules de communication du pays qui les accueille.

"Je rêvais d'apprendre à lire et à écrire". Voilà un rêve qui réclame tant de soin, tant d'application et tant de patience de la part du couple formé par celui qui apprend et par celui qui enseigne.

Mais voilà un rêve qui s'incarne aujourd'hui dans les poèmes qui nous confirment qu'il n'y a pas de transmission qui ne joue dans les deux sens, que l'on est chacun l'immigré de la culture de l'autre, mais aussi son bénéficiaire.

Dominique Balmary

Conseiller d'Etat

Ancien Président du FASILD

textes des élèves :

Découverte

Le premier jour de mon arrivée en France, j'étais surprise. J'ai vu un trou dans le sol où sortaient des gens comme des fourmis, ils couraient de chaque côté et montaient l'escalier sans bouger et les portes s'ouvraient toutes seules devant moi.

Les gens couraient partout ans le métro et dans la rue.

Toutes ces choses m'ont beaucoup marquée.

Je ne parlais à personne, les gens couraient tous comme des fous. Il y avait une odeur d'essence et de brûlé.

Et maintenant la France ressemble, pour moi, à une orchidée.

Bouraouia (Tunisie)

Mes rencontres sensorielles

Alors moi, j'aime les paysages de la France et puis la cuisine.

J'aime aussi les gens d'ici.

Si j'avais une couleur à donner pour la France, ce serait le bleu.

Si je devais sentir, ce serait l'odeur des fleurs au printemps.

Si je devais donner une sensation, ce serait le frais lorsque je sors le matin.

Si je devais donner un goût de la France, ce serait le millefeuille, miam ! miam !

Kanlaya (Thaïlande)

L'éclair au chocolat

J'aime vivre en France.

Pour la ville, sous la neige, beaucoup de neige et tout est blanc.

Pour un gâteau, l'éclair au chocolat blanc !

Pour une chanteuse canadienne qui chante en français, Céline Dion.

Pour la langue française qui chante.

Pour le travail, pour tout .....

Merci !

Maria (Portugal)

Fromage et tofu

J'ai rencontré mon petit ami et sa famille. Ils sont français, je suis japonaise.

Jean : " - Est-ce que les Japonais mangent du pain ?

Rumi - Non, ils mangent toujours du riz.

Jean - Les Français aiment beaucoup le fromage ! Les Japonais aussi, ils l'aiment beaucoup?

Rumi - Oui, bien sûr ! Mais ils aiment beaucoup le soja et le tofu.

Jean - Quand les Japonais rencontrent leurs amis, ils se font un bisou sur la joue ?

Rumi - Non, ils ne le font pas. Ils penchent la tête. Les Japonais prennent une douche et un

bain de temps en temps.

Rumi - Les Japonais couchent sur un futon. Quand on entre dans la maison japonaise, on

retire ses chaussures. Mais en France, on peut garder ses chaussures ou mettre des chaussons.

Rumi (Hapon)

Ma cousine arrive en France

Je suis allée à l'aéroport de Roissy chercher une cousine en provenance du Bénin, en Afrique de l'Ouest. Nous avons été très heureuses de nous retrouver après bien des années sans nous être revues. Pour elle, c'est la première fois qu'elle vient en France.

Après l'embrassade chaleureuse, les questions de part et d'autre vont bon train. Chacune de nous deux est pleine de curiosité. Je lui demande tout d'abord :"Est-ce-que ton voyage s'est bien passé ?". Elle me répond que oui et me remercie d'être ponctuelle à venir l'accueillir. "J'aurais été très désemparée de me retrouver seule à l'aéroport", me dit-elle.

Elle me demande : "Comment vas-tu ?". Je lui réponds : "Assez bien". Et j'en profite pour lui demander : "Comment vont tous tes proches qui sont également de ma famille, tante Marie, oncle Jean, mon cousin Simon ?". Tout en marchant dans l'aéroport pour rejoindre le parking, elle me rassure en quelques mots sur la santé de tous ceux qu'elle vient de quitter.

"Est-ce qu'il fait ce froid tous les jours ?". Je lui réponds :"Tu n'as encore rien vu, le thermomètre peut descendre encore plus bas". Heureusement, j'avais prévu un vêtement chaud que je lui ai remis.

Au cours du trajet pour revenir à Montigny, elle est étonnée par le ciel gris et sans soleil. Je lui dis :"C'est normal, nous sommes en hiver". Je vois également son regard qui fixe les arbres, qui défilent le long de la route. Elle me dit :"Tous vos arbres sont morts, ils n'ont plus de feuilles, il ne leur reste que leurs branches". Aussi, je lui ai expliqué :"En hiver, il en est toujours ainsi, et au printemps tout le feuillage va repousser. En été, il va être splendide, et lorsque l'automne va arriver, tout le feuillage va retomber et disparaître".

Tout en ayant vu des documentaires et des films sur la France, elle ne s'imaginait pas qu'il puisse y avoir autant de circulation automobile.

Enfin, nous sommes arrivées à l'appartement où elle a été très heureuse de retrouver la chaleur.

Fatiguée du voyage, elle a vite pris un peu de nourriture avant d'aller rapidement se coucher.

Le lendemain matin, elle a été émerveillée de voir, à travers les vitres de la fenêtre, tout le paysage alentour recouvert de blanc. La nuit, il avait neigé.

Louise (Bénin)

Postface

Il était une fois des femmes et des hommes, venus aider des personnes arrivées des quatre coins de la planète, qui parlaient la langue de leur pays, et avaient une autre culture. Ils étaient différents par la couleur de leur peau, par leurs vêtements, par leurs traditions mais se ressemblaient tous au fond de leur coeur. Ils s'étaient tendus la main pour comprendre ce langage universel qui, d'un regard, d'un écoute attentive, de paroles simples et souvent pleines d'humour, illuminent leurs visages.

Qui étaient-ils ? Que venaient-ils faire ?

Parachutés un jour sur cette terre d'accueil, la France, à Roissy ou à Orly, ils avaient tous eu cette envie profonde, pouvoir communiquer avec ses habitants, s'intégrer rapidement en apprenant le français. Courageux, ils s'étaient alors rendus vers ces structures d'alphabétisation qui inspirent le respect, la solidarité, la tolérance, la fraternité, le partage et la convivialité. Une richesse inestimable !

En arrivant en France, ils avaient tous un projet, un rêve, peut-être un travail, un espoir d'une nouvelle vie meilleure, des études à poursuivre ...... Dotés d'une volonté de fer pour engager ce nouveau défi, certes difficile mais tellement enrichissant, ils s'appliquaient à dessiner de drôles de lettres, à prononcer des mots bizarres, à articuler pour faciliter la compréhension de ces mystérieuses phrases, à écouter les conseils de leurs "formateurs" dans cette école pas tout à fait ordinaire. Un détour incontournable !

Ils se réunissaient une fois par an à une fête autour de l'écriture où ils devenaient des magiciennes et des magiciens des mots. Ils faisaient alors apparaître de bien belles phrases et nous donnaient envie de découvrir leurs cultures. S'enchaînait alors un ballet multicolore qui entraînait le spectateur loin, très loin, en Afrique, en Asie, dans un tourbillon de chants, de danses. Un chassé-croisé remarquable !

Ils n'auraient pas pu la concrétiser cette fête si des mécènes "Orange Solidarité" et la Fondation Orange ne leur avaient apporté les ressources nécessaires pour créer cet instant et inscrire leurs écrits dans un recueil. Un souvenir mémorable !

Ils mirent tout leur coeur pour que cette fête "Ecritures en Yvelines" autour du thème "Paroles en Rencontres en France" soit chaleureuse et chargée d'émotions.

Alors que la fête des mots commence .......

Brigitte